Marquilly Christophe (Stocks)

"Stocks", le blues-rock du Ch'nord, ça vous parle ?

Sans aucun doute, on avait d'ailleurs consacré deux articles ICI et Là à ce groupe cultissime du rock français.

Fer de lance d'un style peu pratiqué dans les années 80, le groupe avait cartonné avec leur premier album, "Enregistré en public", auprès des aficionados de boogie rock .

Sorti en 1982, ce disque était un vrai brûlot. Rappelez -vous le titre final, "Suzy", une tuerie !

Un album primordial où le son de la gratte de Christophe Marquilly nous donnait des frissons.

Voici d'ailleurs ci-dessous "Suzy" mais en version plus récente, elle date de 2003 mais elle est fabuleuse!

Pourquoi vous parler de "Stocks" ? Tout simplement pour vous annoncer une excellente nouvelle : après toutes ces années, "Stocks" a décidé de reprendre la route.

Christophe Marquilly, le leader du groupe, a bien voulu nous accorder une interview exclusive à l'occasion de la reformation du combo.

Je ne reviendrais pas sur la carrière de "Stocks", vous trouverez facilement des bio du groupe sur la toile.

Je vais par contre m'arrêter, avant de passer à l'interview de Christophe, sur la carrière solo d'un guitariste hors pair.

Après une certaine déception suite au manque de succès du groupe, Christophe Marquilly sort un premier album autoproduit en 1996 sous le nom de "Marquy". Un bon disque de rock, mais qui n'obtient pas malheureusement le succès espéré.

Christophe, parallèlement à sa carrière solo, continue de tourner régulièrement avec Stocks ; le groupe se reformera plusieurs fois.

Il est aussi présent avec "Outsliders" et s'aventure vers le blues-rock. Le groupe sortira un premier album, "Thank you", en 2005.

"Outsliders" enregistre un second album public en 2007, "Powered by blues" .

À l'occasion d'un dernier concert cette même année 2007, Christophe Marquilly tourne la page Stocks et dissout le groupe.

Il désire explorer de nouveaux univers musicaux et sort son second album solo, "Rien n'est joué", en 2009. Nouveau style avec des titres alternant blues rock et acoustique.

Il récidive en 2013 avec un nouvel " Absurde", toujours dans la même veine, mais j'y reviendrai en troisième partie d'article.

En attendant, je vous propose de lire la très intéressante interview de Christophe Marquilly pour Francerock70. Elle a eu lieu le mois dernier et, comme d'habitude, on apprend pas mal de choses.

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INTERVIEW

Mister Pat : Tout d'abord, merci Christophe de bien vouloir accorder cette interview à Francerock70 ! Sans vouloir faire de la lèche, je pense que Stocks est un groupe qui reste, après toutes ces années, une des meilleures formations de blues-rock de l'Hexagone.

Christophe Marquilly : Merci pour le compliment. Il n'y a pas eu tant que ça de groupes qui jouaient du rock blues en français, ce qui fait qu'on avait notre public et, je crois, un style propre. Mais notre force était la formule trio, je pense.

MP : Parle-moi de ton enfance. Tu as commencé à jouer de la musique à quel âge ? En ce qui concerne la guitare, ton instrument de prédilection, tu étais autodidacte ou tu as pris des cours ?

CM : Autodidacte, j'ai commencé à 13 ans par là, impressionné par tous les grands de l'époque : Blackmore, Page, Gallagher, Winter, Alvin Lee, Gilmour, Gibbons, etc.

MP : Dans ta chambre d'ado, tu écoutais la radio ou bien des disques ?

CM : les deux, on captait sur petites ondes radio Caroline, radio pirate qui émettait de la mer du Nord ! ! ! Du bon rock (Stones, Beatles, Kings, Led Zep, Deep Purple…).

MP : Le premier disque que tu as acheté, c'était quoi ? Ne te défausse pas, donne-nous la vraie réponse ! (même si c'est vraiment honteux).

CM : pouh ! ! ! Je dirai Ten Years After, mais ma mémoire là ne me permet pas d'être forme l ! !

MP : Ton tout premier groupe s'appelait comment ? C'était quoi votre style musical ?

CM : Surface ! C'était l'époque de Triangle, Martin Circus ! ! Style rock brouillon ! ! Avec beaucoup de bruits (rires).

MP : Je passe de suite à "Stocks", si tu le veux bien. Comment c'est formé le groupe ? Raconte-moi l'histoire depuis le début.

CM : comme un peu tous les groupes, j'avais besoin de "cogneurs" basse-batterie, alors le bouche-à-oreille, la réputation de chacun, on se croisait dans le magasin de musique de Lille, et puis hop, répétition … et plein de petits concerts, c'est le public qui nous a poussés…

MP : Avec "Stocks", vous avez sorti trois albums. Quel est celui que tu préfères ?

CM : l'album "Trois" (qui ressort sur le label Bad Reputation avec un bonus de trois nouveaux titres enregistrés tout récemment) et donc cet album qui est fait avec maturité, beau son, et des textes plus élaborés, moins roots, et des arrangements guitares-choeurs, plus aboutis, je pense… Après le live est un collector, car unique. Un premier album en live ! Fallait être dingue ! (ce que je dois être un peu ! ! ! !) (rires)

MP : De tous les concerts que vous avez donnés à l'époque, quel est celui qui t'a le plus marqué ? Je pense que vos tournées aux USA vous ont laissé des souvenirs inoubliables ?

CM : L'enregistrement du concert en live à Lille 1982 ! ! 3500 personnes dans la salle bondée, inoubliable ambiance de fous, on l'entend sur l'album ! !

Pour les USA ,c'est surtout le pays qui est fabuleux : ces gens savent chanter, jouer de la guitare, presque tous, ils ont le feeling, les ricains, ça c'est top. Bon, après, y a eux d'abord et eux après, ils sont très fiers de leur pays… moi, ça me plait assez, ça.

MP : À contrario, quelle a été votre plus grosse galère ?

CM : un groupe qui n'a pas de galère ,c'est qu'il est au chômage ! ! ! On en a eu plein, de toutes sortes, ça fait partie du jeu, c'est nécessaire même. Pour apprendre une certaine humilité et à être meilleur… (titre d'une des chansons de l'album "Trois")

MP : Dans le milieu du rock des années 80, comment cela se passait avec les autres groupes français? Vous avez sympathisé avec certains groupes ou c'était plutôt la compétition ?

CM : mmmmmh, je dirais plutôt "compét", fallait tirer son épingle du jeu… Après moi je croisais d'autres groupes sur la route, mais pas trop le temps d'être vraiment potes…

MP : En 1986, il était question d'un nouvel album produit par Nono (Trust). Pourquoi le disque n'a pas abouti ?

CM : Offre et demande…j'étais un peu en partance dans ma tête, ailleurs… et j'avais le projet de mes deux albums solo. Que tu as reçu. C'est une démarche différente et le groupe était moins soudé.

MP : Le groupe a splitté une première fois en 1987 pour quelles raisons ?

CM : pour les raisons évoquées plus haut.

MP : "Stocks" s'est ensuite reformé plusieurs fois et il y a eu cette tournée avec Johnny en 2003 ? Tu peux nous en parler !

CM : bon souvenir, jouer tous les soirs devant 40 000 personnes, mais qui ne vous connaissent pas ! ! C'est un challenge, surtout le public d'Hallyday . Tu peux mettre AC/DC en première partie ! ILS s'en foutent ! Ils veulent Johnny point (rires), donc on s'en est bien tiré…

MP : Parallèlement, tu as fait une carrière solo et également participé à d'autres groupes. "Stocks" était en sommeil ?

CM : sommeil profond ! ! ! !

MP : En 2025, "Stocks" est de retour, vous allez donner des concerts, quels sont vos projets immédiats, un nouveau disque ?

CM : Peut- être un album complet, des concerts s'il y a de la demande… On est plus des perdreaux de l'année, alors du fun et des dates. Oh oui, je prends ! !

MP : En ce qui concerne ta carrière solo, quel est pour toi ton meilleur disque ?

CM : Absurde. C'est le titre, hein, pas la question ! ! ! (rires)

MP : Nous allons passer, si tu le veux bien, à des questions plus personnelles ?

Tu t'isoles sur une île déserte, grâce aux panneaux solaires, il y a de l'électricité.

Quels sont les trois albums que tu emmènerais avec toi obligatoirement et pourquoi ?

CM : tres hombres, degüello, Mozart le requiem.

MP : Par contre, quels sont les disques que tu détestes le plus ?

CM : le rap en général…

MP : Tu es plutôt ZZ Top ou Rory Gallagher ? Difficile de choisir, non ?

CM : Plutôt ZZ Top sur les 5 premiers albums, après je décroche.

MP : Quel est le guitariste qui est ou a été pour toi un modèle au niveau technique ?

CM : Les plus importants pour moi sont Rory Gallagher et Johnny Winter.

MP : Tes marques de guitares préférées ?

CM : Gibson, Fender, mais ce n'est pas forcément les meilleures, PRS aussi, mais trop cher pour moi ! ! !

MP : Tu écoutes quoi en ce moment ! Il y a des choses actuelles qui te branchent ?

CM : un peu de tout, du jazz, du classique, mes 3 nouveaux morceaux ! ! ( pour me critiquer) (rires)

MP : Une question vraiment perso (rires). En ce qui concerne la cuisine, quel est ton plat préféré et ta boisson favorite ?

CM : spaghettis bolognese, avec un bon bordeaux et une quille de champ (Ruinart) avant ! ! !

MP : Parlons cinéma, tu aimes quel genre de films, quels sont les films que tu pourrais regarder en boucle ?

CM : Le bon, la brute, le truand, je l'ai vu dix fois ! Clint Eastwood, of course, Lino Ventura, Gabin,

Taxi pour Tobrouk, Il était une fois l'Amérique, tous les Sergio Leone. Voilà, des valeurs sûres, quoi !

MP : Tu aimes lire ? Bandes dessinées ou livres de poche ?

CM : j'adore lire, je lis beaucoup l'histoire de France, De Gaulle, j'ai tout sur lui, Napoléon, Louis XIV, Chateaubriand, Talleyrand, etc.; la Deuxième Guerre mondiale, la première aussi.

MP : En dehors de la musique, quelles sont tes activités préférées ? Je sais que tu vis désormais en Bretagne, tu vas à la pêche ?

CM : Pêche, balade avec mon chien, apéros avec mes potes, et guitare, dans le salon (rires).

MP : Tu t'intéresses, je pense, à l'actualité. Qu'est-ce que tu penses du monde actuel ? L'avenir te fait peur ?

CM : j'ai écrit trois titres en bonus sur la sortie de cet album, "trois" de stocks : "Ma copine solitude", "C'était mieux avant" et "Oligarque". Tout est dit ! ! Je déteste les gens qui gouvernent par la peur, plutôt que par compétence et surtout, par amour de son pays… L'histoire de France est extraordinaire. Comment peut-on effacer ça d'un coup par idéologie et utopie ? Ce choix sera mortel pour notre pays si nous ne réagissons pas.

MP : Maintenant une question délicate (rires), quelle est la pire situation à laquelle tu as été confrontée dans ta vie et qui t'a mis vraiment mal à l'aise ?

CM : quand on m'a empêché de sortir dehors, promener mon chien ou me baigner (c'était interdit) et qu'il fallait un Ausweis à découper dans la presse pour pouvoir sortir une heure par jour… tout ça pendant le covid… Pas sûr que nos anciens aient connu pareil confinement, même en 40… Ça je n'oublie pas, et on ne sait toujours pas d' où vient ce putain de virus ! ! ! On se fout de notre gueule. Là, je suis en colère… C'est d'ailleurs un de mes titres à venir sur le bonus de l'album "trois" : Oligarque. Tout y est dit.

MP : Si tu avais le pouvoir de tout recommencer, tu ferais la même chose ?

CM : J'aurais plus travaillé ma musique et plus soigné mes relations humaines. J'ai été un peu brut de fonderie parfois (rires).

MP : Maintenant, ma toute dernière question, quelle est justement la question que tu aurais aimée que je te pose et que j'ai complètement zappée ?

CM : Es-tu heureux ? La réponse est : oui.

MP : Merci Christophe pour avoir bien voulu te prêter au jeu de cette interview un peu particulière (rires), merci pour ta gentillesse !

CM : Merci à toi et à tes abonnés, on se retrouvera peut-être sur la route et sur le site Bad Reputation pour découvrir l'album "trois" de stocks ainsi que les 3 nouveaux titres en bonus.

MP : On ne manquera pas la sortie de cet album, Christophe, et bien entendu, on en reparlera dans Francerock70.

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Comme Christophe Marquilly l'a évoqué dans l'interview, il m'a envoyé les deux CD de ses derniers albums solos.

C'est l'occasion pour moi de vous parler de ses deux très belles galettes.

Je suis souvent enthousiaste quand il s'agit d'un disque qui me plaît, mais là, c'est vraiment deux albums de très grande qualité qu'il faut ranger précieusement dans votre discothèque.

Commençons avec "Rien n'est joué", son second album solo de 2009.

Le disque démarre avec un titre assez punchy, "Ville en sursis". "Rien n'est joué", le second morceau, regorge de guitares acoustiques, d'harmonica, les vocaux bien en place sont à l'unisson.

Troisième titre, "Rêve d'Irlande", du celtique et de la slide. Superbe !

Je ne vais pas tout détailler, mais "Ne me retiens pas" est une tuerie, un blues rock à l'ancienne qui vous hérisse les poils.

J'adore également "Je refuse" , qui déboule à toute vitesse et vous fait taper du pied, c'est le titre le plus rock du disque.

Les bonus "Cocaine" et "Suzy" viennent définitivement rappeler à vos oreilles le passé prestigieux de Christophe Marquilly, Stocks est toujours présent.

Ce disque est vraiment diversifié : du country, du rock, du blues, de superbes ballades. Il me fait parfois penser au " loner ", ce qui est quand même une belle référence.

Mais vous allez pouvoir vous faire votre propre opinion, puisqu'il est en téléchargement.

RIEN N'EST JOUE

Je remercie d'ailleurs Christophe Marquilly qui m'a donné son accord pour mettre ses deux albums solos "Rien n'est joué" et "Absurde" sur le blog. C'est un beau cadeau qu'il fait à tout le monde.

Si vous aimez, vous pouvez acheter les CD directement auprès de Christophe Marquilly. Pour cela, envoyez-moi un e-mail à francerock70@yahoo.com, je lui ferai suivre vos demandes.

Arrêtons-nous ensuite sur "Absurde", son troisième opus perso qu'il définit comme son meilleur album.

Changement direct de style avec d'entrée "Absurde" : premier titre beaucoup plus heavy, Christophe a rajouté du 220 volts dans les tuyaux.

Pas le temps de souffler avec "j'attends", un titre bluesy rock transpercé par une gratte qui vous prend aux tripes.

Difficile de trouver un défaut à ce disque : vous allez partir "là-bas", direction les States, rejoindre  "Jeremiah" (Johnson), ce son typé americana va vous faire voyager.

J'oubliais les textes qui désormais sont très importants dans les compos de Christophe.

Amérique, voyages, amour, sujets de société, tout y passe. Christophe Marquilly se dévoile dans ses écrits. Il porte un regard toujours direct mais sincère sur la société actuelle.

L'homme a pris de la bouteille, mais ses interrogations restent les nôtres face à un monde qui, parfois, nous échappe.

Un autre titre qui me fait monter au plafond, "Ça, tu le sais", une ballade country imparable qui me bouleverse à chaque écoute.

L'ensemble est à l'avenant : la grande classe. Quel dommage que ce disque n'ait pas eu non plus le succès mérité.

Finalement, j'ai moi aussi un petit faible pour "Absurde" qui me parait un album plus abouti.

ABSURDE

"Stocks" reprend la route avec un concert que le groupe donnera à la ferme d'en Haut – Villeneuve-d'Ascq (59) le 26 avril 2025, toutes les places sont vendues.

Mais si vous voulez absolument voir le groupe, un nouveau concert est prévu le 31/08/2025 à La Ferté-sous-Jouarre (77) dans le cadre du Fertois Metal Fest.

Si vous êtes dans le coin, ne ratez ça sous aucun prétexte, ce n'est pas tous les jours que l'on peut écouter en live un groupe pareil.

Christophe sur scène reste toujours le même, parsemant son set de solos inspirés, il est solide comme un rock.

Il délivre une musique à son image, authentique et passionnée, respectant toujours un public qui lui a tant donné.

Christophe me l'a confié le troisième album de Stocks agrémenté de 3 bonus sort bientôt chez Bad réputation. Je connais l'album 3 qui est vraiment impeccable et j'attends bien sûr avec impatience les nouveaux titres inédits.

À l'écoute des deux albums solos, il est effectivement très difficile de faire un choix, mais je vous ai mis deux titres en streaming :

"Ne me retiens pas" (extrait de l'album "Rien n'est joué") pour son côté bluesy électrique et "tu le sais" (extrait de l'album "Absurde") une très belle ballade country.

Pour être au courant de l'actualité de Stocks vous pouvez aller sur leur page Facebook ICI

Photos et CD fournis par Christophe Marquilly.

Mister Pat