et voilà comment dissiper sainement une énergie débordante ! merci :)
Par SoleilNoir, le 06.12.2025
merci pour ce partage
Par Anonyme, le 04.12.2025
bonjour
merci beaucoup
Par Anonyme, le 04.12.2025
avec de tels fous furieux le shérif avait peu de chance d'en rechapper! quant à la bonne île c'est certainemen
Par PHILOU, le 03.12.2025
quelle énergie dans ce disque et dans les reprises particulièrem ent pour celle de bob marley proposée en écou
Par Jérémy braGxon, le 03.12.2025
Date de création : 13.02.2019
Dernière mise à jour :
03.12.2025
1257 articles
>> Toutes les rubriques <<
· L (1)
· F (1)
· K (1)
· H (1)
· Ange (24)
· Martin Circus (23)
· Catfish (1)
· Rapsat Pierre (12)
· Barsamian Jacques (5)
· Manset Gérard (5)
Claude Jacquin (1980 - 1981 - Jeux de mains - Jeux de Jacquin)
Il est temps pour nous de revenir faire un tour du coté de chez notre ami Claude jacquin pour continuer à découvrir la suite de son histoire.
Cette fois ci Claude décroche la timbale avec son 4ème album "Jeux de Mains" , il est enfin reconnu par la profession et décroche le prix de la chanson française " album espoir n°1" au MIDEM en 1980.
Un de ses meilleurs disques au demeurant qui mérite amplement cette récompense. Claude Jacquin est alors au sommet de son art avec des textes toujours aussi incisifs, des musiques encore plus diversifiées et une interprétation originale sans faille.
Mais reprenons nos bavardages, ces petits instants privilégiés où Claude se dévoile sans arrière-pensée.
Des petits moments de sincérité que j'apprécie beaucoup car Claude Jacquin est un homme vrai qui m'entraîne dans un tourbillon de pure passion : la musique, les mots, l'engagement, je pense qu'à l'heure actuelle ce genre d'artiste se fait de plus en plus rare.
Donc ne boudons pas notre plaisir voici la suite des bavardages avec l'interview n° 5 :
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
L'interview :
Mister Pat : Claude si tu veux bien, on va démarrer cette cinquième interview!
Claude Jacquin : Toujours fidèle au poste, j'attends tes questions…
MP : Je ne sais pas si tu penses comme moi, mais je crois pouvoir dire sans me tromper que cette période 80-81 a été pour toi une période faste au niveau des médias…
CJ : Oui à tous les niveaux, à partir de 1978, et c'est à partir de l'album «Générations» que l'on m’a entendu un peu plus sur les radios. J’ai commencé à me balader un peu partout, à tourner, c’était beaucoup plus intéressant, ça roulait tout seul. Une période faste, mais malheureusement, j’ai quand même quitté Paris pour aller m’installer dans le Gers et donc je devais partager mon temps entre les deux!
MP : Justement, alors en t'isolant dans le Gers comment as-tu gérer ta carrière?
CJ : Ça n’a pas été simple, parce qu’il fallait que je gère les deux lieux, c’est à dire, un coin isolé où j’étais agriculteur, et Paris où j’étais auteur compositeur interprète. Donc, difficile de gérer le tout, c’est pour ça que je n'ai pas fait une grosse carrière, ça m’a ralenti énormément! Mais bon, ça fait partie de la vie, hein, c’est comme ça! Je ne regrette rien!
MP : C'est vrai qu'il valait mieux être sur place, mais toi, tu étais représenté par un agent non?
CJ : Non, je n'avais pas d’agent, à l’époque c’était EMI, ma maison de disques, qui gérait tout, qui avait commencé à tout reprendre, ce n'était pas Sonopresse.
MP : Sonopresse, ils ont arrêté de distribuer tes disques, c’est ça?
CJ : Oui, ils ont arrêté la distribution et c’est Pathé Marconi qui a racheté une partie du catalogue Sonopresse, dont moi!
MP : Tu es repris avec le même contrat?
CJ : Le contrat à continué, j’avais signé un contrat de 5 ans avec Sonopresse, pour la prod de 5 albums et du coup à partir du 2ème album, j’ai été récupéré par Pathé-Marconi qui est devenue ma maison de disque.
MP : Alors justement, qu’est-ce qui a changé avec Pathé-Marconi, c’était différent?
CJ : Ca n'a pas changé grand-chose, sauf que d’un seul coup, je me suis retrouvé avec des gens qui s’occupaient de marketing, il n'y avait pas cela avant chez Sonopresse. Quand je dis marketing, c’était le travail sur les pochettes et tout le reste.
MP : Sur cet album «Jeux de mains», la pochette est encore de Mondino.
Cj : On a repris Mondino pour ce nouveau disque, tu as vu que je faisais un bras de fer sur la pochette avec une femme, côté recto, on me voit très concentré. Et côté verso, je n'ai toujours pas gagné, je suis en train de transpirer comme un fou. Donc tu vois je ne suis pas aussi costaud qu’on a l’air de le dire (rires). Ça c’est l’esprit Mondino, un visionnaire, parce que cette pochette de disque pour l’anecdote, ça c’est très important: l'idée du bras de fer a été reprise par Johnny Hallyday, figures-toi, mais il y manque l’humour de Mondino? Ca reste qu’un bras de fer avec une femme. Un vrai plagiat!
MP : Ah là tu m'apprends quelque chose!
CJ : Cherche bien dans les pochettes de Johnny, sur l’une d’elles il fait un bras de fer aussi, c’est assez rigolo (nota il s'agit de l'album "Pas Facile" sorti en 1981, l'album de Claude est sorti en 1980).
C'est Mondino qui a eu cette idée de cette pochette de disque, il s’est dit tiens «Jeux de mains», on va faire un bras de fer entre un mec et une femme, le mec croit qu'il va gagner facile, et puis finalement quand tu retournes la pochette, tu t’aperçois qu’il n’a rien gagné, il transpire, et ça rétabli les rapports psychologiques de domination homme/femme! C’était très intéressant, il y avait de l’humour et ça m’avait vachement plu! A la maison de disque également.
MP : Ce qui est marrant avec ce disque, c'est que les musicos, ce ne sont pas du tout les mêmes!
CJ : Oui ce ne sont pas les mêmes parce que j’ai eu un gros problème avec mes premiers musiciens. On a commencé à répéter et finalement, ils arrivaient régulièrement en retard, ça n’avançait pas, j’étais vraiment «emmerdé» parce qu’on avait réservé un grand studio son, et on avait 3 semaines pour se préparer, j'ai viré tout le monde!
MP : Ah carrément!
CJ : J’ai dit: «les gars c’est pas possible, on est en retard, je ne peux pas travailler comme ça, il faut que j’ai une équipe autour de moi qui soit vraiment sérieuse», et donc j’ai viré tout le monde… Je me suis retrouvé avec de nouveaux musicos que je ne connaissais pas. Si, il y a Didier Malherbe (Gong) que je connaissais de nom. Pathé-marconi m’a filé un nouveau directeur artistique: Jérémy Stefen, qui est devenu un pote par la suite.
À partir de là, on a cherché des musiciens, une équipe de base pour travailler avec moi pendant les 3 semaines et on a commencé à préparer les arrangements.
C’était très intéressant parce que c’était un travail de recherche si tu veux, c’est pas un arrangeur qui a travaillé sur les titres comme d’habitude, là c’était toute l’équipe, on cherchait, on travaillait tous ensemble.
MP : Pour la plupart ce ne sont pas des musiciens que l'on connaît!
CJ : Pourtant dans ce disque il y a des supers musiciens, dont Didier Malherbe au saxo, Claude Barthélémy à la guitare qui était le directeur de l’orchestre de jazz de Paris. Il a fait 2 chorus dans «Méchant méchant», il se roulait par terre dans le studio, un mec qui joue comme un dingue, qui fait pas semblant, vraiment un musicien de très haut niveau. Il y avait aussi Jean François Leroux aux percussions, extrêmement connu à l’époque, Richard Raux, très grand saxophoniste de jazz aussi et Marc Steckar au violoncelle, un multi-instrumentiste.
MP : Peut-être des musiciens moins connus du grand public!
CJ : Du grand public oui, mais très côtés dans le milieu du Jazz.
MP : L’enregistrement, ça s’est bien passé?
CJ : Oui, on a préparé l’album pendant 3 semaines et un mois pour l’enregistrement, au studio Johanna.
Ça laisse le temps de digérer le tout tranquillement, quand tu travailles dans ces conditions-là, tu n'as pas un arrangeur qui vient avec ses arrangements et les partitions, avec les musiciens qui arrivent et qui font tout en quelques jours. Pour ce disque, la méthode était complètement différente.
C’est pour ça qu’on a ce son un peu particulier dans le disque, vraiment, tu vois ce que j’veux dire, c’est pas du tout formaté, on est dans un enregistrement un peu particulier parce qu’il y a une grosse partie tournée en live, avec tous les musiciens de base, comme la basse, la batterie, les guitares… Après, on a fait venir les additionnels.
MP : D’ailleurs cela se ressent parce que moi comme je te l’ai déjà dit, ce disque-là, c’est mon préféré! Ça me paraît l'album le plus abouti de ton répertoire!
CJ : C’est grâce à cette méthode d’enregistrement, sans doute, que j’ai eu le prix Midem pour cet album là, parce qu’en face de moi il y avait du monde, et du beau monde.
MP : Alors justement, pour le MIDEM, tu peux m’expliquer comment ça s’est passé?
CJ : Le MIDEM, c’est simple, tu es invité, tu chantes une chanson ou deux chansons, en soirée, avec tout le show-biz dans la salle et après ils donnent les résultats! Le grand vainqueur de ce MIDEM 1980 ce fut Michel Jonasz, il a été désigné meilleur album de l'année avec «les années 80 commencent», pour ma part, j’ai été désigné par l’académie pour le disque «Jeux de mains» album espoir n°1. Mais en face de moi, il y avait quand même France Gall, Lio, Renaud, Françoise Hardy, Cabrel, Souchon, Lalanne, Jean Ferrat, Lavilliers, Julien Clerc, Bashung et Capdevielle.
MP : Tu as quand même doublé tout le monde dans ce concours !
CJ : Oui, je n’y croyais pas! Je ne pensais même pas du tout que j’allais rapporter un prix du MIDEM. Finalement, c’est un pote à moi, Alain Morel, qui a fait un petit article dans Le Parisien, qui m’a appelé, il m’a dit «Jacquin on a tous voté, ça y est t’as gagné le prix jeune espoir, ton disque on l’a trouvé original, pas comme les autres, différent!» Je n'en revenais pas.
MP : Enfin il y a une reconnaissance du show biz ! Une reconnaissance de ton travail !
CJ : La reconnaissance du milieu, c’est à dire dire des producteurs, des journalistes, enfin tous les gens qui naviguent dans le milieu de la chanson. Ça m’a fait du bien, ça fait boum dans le cœur, ça donne envie de continuer, tu te dis «je n'ai pas travaillé pour rien».
MP : Et en plus après, tu as eu des bonnes critiques dans les médias?
CJ : Oui, j’ai eu de très bonnes critiques. Ça a fait boule de neige.
MP : Ça t’a ouvert peut-être d’autres portes avec ce prix !
CJ : Ca m'a surtout aidé pour trouver des concerts, organiser des tournées, et les radios m'ont beaucoup plus programmé.
MP : Par contre l’album par lui même, il s’est bien vendu ou pas? T’as des chiffres?
CJ : Je vais te dire un truc, moi mes albums, c’est simple, j’ai jamais dépassé les 10, 15000 exemplaires, je ne rapportais pas beaucoup d’blé à la maison de disques.
MP : C’était pas le jackpot avec toi?
CJ : Ça c'est sûr, l’investissement pour chaque album était vraiment conséquent, c’était une belle enveloppe. Mais mon directeur artistique, Claude Dejacques, s’en foutait. Quand je lui faisais écouter mes maquettes, il se concentrait, fermait les yeux et me disait «ouais c’est cool Jacquin, combien tu veux?» Je répondais «j’en sais rien, ça dépend comment je vais travailler.» Mais en gros je pouvais lui demander des sommes assez importantes, pour être à l’aise pour mes enregistrements et avec les musiciens, pour pouvoir les payer correctement.
MP : C’est peut-être un peu personnel, mais pour gagner ta vie tu t’en sortais quand même?
CJ : Pour gagner ma vie, sur 10000 albums, comme j’étais auteur compositeur interprète, j’avais des droits de reproduction mécanique, donc ils avaient du en tirer 15000, donc sur 15000, tu as la reproduction mécanique sur chaque disque qui sort, après tu as les droits d’auteur sur les radios, les 2 télés, 3 télés, 4 télés que je faisais, et ainsi de suite, donc au final cela me faisait un peu de fric quand même pour vivre…
MP : Et les tournées, comme tu étais plus connu, tu avais de meilleurs cachets?
CJ : Concernant les cachets, je partageais l’argent avec mes musiciens, sauf pour les ventes de disques et autres.
Je pouvais vendre mes disques à la fin des concerts. Je rachetais mes disques à la production et je les vendais moi même au public! Mais les cachets étaient toujours partagés équitablement.
MP : Par rapport aux disques, tu n'avais pas une anecdote à me raconter, par rapport aux Stones, tu m’avais pas parlé de ça?
CJ : Par rapport aux Stones? Ah non, ça c’est des maquettes que j’ai faites sur le 16 pistes des Stones.
C’est à dire sur leur magnéto 16 pistes qui avait été récupéré par mes éditions «Champs Elysées», et qui était installé dans ses bureaux. J’ai 4 titres qui on été enregistrés sur ce magnéto exceptionnel, avec mon copain Richard Prézelin. On a fait ça tous les deux, pour présenter de nouvelles chansons, car je devais signer un nouveau contrat!
MP : C’était vraiment du bon matos!
CJ : Ce 16 pistes, il y avait des manettes comme on en voit plus maintenant. Donc tu vois, quand il y a 16 pistes sur la même largeur de bandes que tu utilises normalement sur un 24 pistes, tu as beaucoup plus de dynamique. C’était un truc de dingue le 16 pistes des Stones! Apparemment, aujourd’hui,il serait à New York, dans quel studio? Ça, j’en sais pas plus.
MP : J’en reviens au disque, je vais te parler de plusieurs titres que j’aime bien. C’est surtout des textes dont je vais te parler. «Soir-bluesy», est-ce que tu as connu ce genre de bar?
CJ : Oui bien sûr, en France, il y a plein de bars comme ça la nuit, où tu rencontres des gens différents, une «faune» très intéressante, avec des noctambules originaux et des ambiances très éclectiques. Mes chansons sont toujours inspirées par des événements, des situations que j’ai vus ou vécus.
MP : Je te crois parce que j'ai l’impression, quand j’écoute ce titre, de rentrer dans le bar.
CJ : Oui, avec le sax qui répond, je ne l’ai pas réécouté, mais je l’ai encore en tête, tu vois c’est marrant, il y a des morceaux, comme «le voyeur» par exemple, qui s’est directement inspiré de mon vécu quotidien.
MP : Justement, le voyeur, j’avais cette question, je trouvais que titre était particulièrement cinématographique dans le style, on dirait un film d’Hitchcock, je me demandais, est-ce qu’il s’est inspiré d'un film pour les paroles?
CJ : Non pas du tout, j’avais un petit appart’ dans le 3ème arrondissement, vers Beaubourg, au 4ème étage et mes fenêtres donnaient sur une petite cour. Je pouvais observer mes voisins, très proches de moi. Entr’autre, j’avais la vue sur une voisine, située au 3ème étage, juste en-dessous, je la voyais toujours passer son aspirateur. Un jour, alors que je la regardais faire son ménage, je me suis dit, «merde, mais je vais faire une chanson, comme si j’étais un voyeur…» Je me suis mis dans la peau d’un réalisateur de film, et pour ce titre, je me suis donné le rôle d’un tueur.
MP : C’était un délire quelque part?
CJ : C’était un délire total, moi j’ai fait mon cinéma en musique comme si j’étais le tueur qui regarde la nana et qui, après une pulsion irrépressible, va aller la trucider. C’est exactement ça «le voyeur», j’ai été inspiré directement par ma voisine, je ne lui ai jamais dit !
MP : J’en reviens à «Soir bluesy», ce qui m’a interpelé dans la musique, c'est qu'il y a encore un riff des Stones «I can get no satisfaction», que tu reprends une nouvelle fois, ça veut dire que tu adores ce titre des Stones!
CJ : Bien sûr, parce que ce titre avait marqué ma jeunesse, c’est pour ça que comme dans «Générations», j’en avais remis une petite couche ! Mais j’adorais les Beatles aussi.
MP : En ce qui concerne «Miss Smith», tu m’apprends que c’était pour Patti Smith?
CJ : C'est un hommage à Patti Smith, c’était vraiment une chanteuse avec un esprit punk, moi ça me plaisait beaucoup, son attitude, sa façon d’être, sa façon de vivre...
MP : C’est la poétesse du rock Patti Smith et comme toi t’es un poète aussi, ça vous rapprochait.
CJ : Je voulais faire un hommage à Patti Smith, mais le titre n’est pas rock dans la forme, dans l’esprit oui, mais il est hybride, décalé, c’est particulier comme morceau, avec un violoncelle qui apporte un côté classique.
MP : À mon avis ce titre, il pouvait sortir en single, il était formaté un peu pour ça je pense.
CJ : C’est à dire que la maison de disques était très emmerdée avec cet album, parce qu'ils ne savaient pas très bien par où le prendre, et le vendre. C’était compliqué pour eux, comment choisir la chanson? Laquelle pouvait passer en radio? Les gars du marketing se prenaient la tête. «Soir bluesy» peut-être, ce titre a pas trop mal marché.
MP : Venons en maintenant au titre «la parole», c'est une performance vocale incroyable, je n'ai jamais entendu encore un chanteur chanter de cette façon.
CJ : Oui, c’est particulier.
MP : Alors comment tu fais pour tenir le ton, parce que ta voix est impressionnante! Tu as toujours progressé avec ta voix?
CJ : Oui, j’ai toujours progressé, mais c’est monté tranquillement en puissance, grâce au travail quotidien, avec l’expérience. Surtout à cette époque, dans les années 80, j’avais une puissance de voix énorme, j’étais comme un crieur de journaux, je pouvais tenir une note pendant plus d’une minute. Tu chantes tous les jours donc du coup tu prend de la puissance, tu prends de la justesse… Finalement, quand je chante mes compositions, c’est rarement faux. Dans les chansons des autres, c’est autre chose. Avec mes chansons, je sais que je peux aller très loin, je m’en tirerai toujours, c'est l’expérience qui compte. Tu as vu, je l’ai ré-enregistrée.
MP : Oui pour la compile de fin d’année, qu’on a d’ailleurs sorti quand les gens liront cet article, c’est une version complètement différente bien sûr, que moi, je trouve très bonne, excellente.
CJ : C’est une version électro, j’ai travaillé avec mon fils. Je lui ai imposé quand même la guitare à droite à gauche parce que j’avais besoin de cela, lui, il a fait les arrangements avec cette boucle synthétique qui te fait avancer, qui fait bouger, swinguer musicalement. C’est un excellent arrangeur, en dehors de ses chansons en français que j’adore.
MP : Dans cette nouvelle version, la guitare, elle est bien, parce qu’elle tombe juste quand il faut, en plus de cela c'est très dansant.
CJ : Je suis content de cette nouvelle version, quand on refait un titre avec mon fils, c’est parce que ce sont des chansons qui me tiennent à cœur. J’en ai ré-enregistré une deuxième «l’homme», elle était aussi sur l'album «jeux de mains». Son titre maintenant est «2100». Le refrain fait «en l’année 2100 c’est le printemps», j’ai retouché un peu le texte, c’est beaucoup plus riche aujourd’hui. Je vais ré-enregistrer également «on peut soulever les montagnes» qui était sur mon album suivant.
MP : Ton but avec ce nouveau disque, c’est de faire un album de reprises ou bien tu fais de nouvelles chansons?
CJ : Après, il n’y aura que des nouvelles chansons, avec des textes engagés, ou pas, comme j'aime le faire, qui seront le reflet de mon état d'esprit sur la situation actuelle. Mais je ne fais pas que de la chanson, je fais d’autres choses, je travaille beaucoup pour les enfants. Avec ma compagne, on intervient dans les écoles où on anime des ateliers d'initiation et de découverte au cinéma d'animation image par image (stop motion) pour sensibiliser, apprendre et réaliser des films d’animations avec les enfants. Avec Christine Leyat (mon alter ego féminin), nous avons travaillé avec Anne Sylvestre. On a réalisé ses «fabulettes» en animation, plus d’une trentaine de ses chansons pour enfants.
MP : Si tu peux développer un peu pour les lecteurs, je mets le lien de «Bouts de cartoon», votre petite chaîne sur youtube:
CJ : Le mieux, c’est d’aller faire un tour sur «Bouts de Cartoon», on peut y visionner une centaine de films d’animation réalisés avec des élèves d’écoles maternelles et primaires, entre autres, les "Fabulettes" d’Anne Sylvestre en animation, «l’Alphabet rigolo», une série animée pour les enfants, etc…
MP : Pour en revenir à l’album, la chanson «labyrinthe», c’est de la pure science fiction. c’est un futur effrayant, enfin moi c’est ce que j’ai ressenti.
CJ : C’est comme dans tous les livres de SF, les histoires sont très souvent inspirées par des mondes post-atomiques, c'est d'ailleurs très à la mode en ce moment. Avec ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui, on ne peut que se projeter dans des futurs un peu noirs, glauques… Mais il y a d’autres voies littéraires dans la SF, qui font espérer un monde plus écolo, plus respectueux des générations à venir.
MP : Je ne vais pas énumérer tous les titres, parce que l’album c’est pour moi le plus génial, mais on a déjà évoqué le problème, c'est qu'il n'y a pas vraiment de titre vendeur. Pourquoi, ils ne t’ont pas fait faire à côté un 45 tours avec un titre plus simple différent de l’album.
CJ : Je ne sais pas, tu sais ça se passait comme ça, on ne se posait pas trop de questions, même le marketing n’arrivait pas à faire un choix. Mon directeur artistique avait dit «oui c’est cool on prend le tout et on y va.»
À l’arrivée, tu t’aperçois finalement qu’il n'y a pas grand-chose de passable en radio, c’était difficile, très très difficile, mes chansons étaient compliquées à vendre!
MP : Sur ce disque, lequel est ton titre préféré?
CJ : C’est dur de choisir, je dirais « la parole », ou « l’homme » également et pour le côté cinématographique j'aime beaucoup «le voyeur», parce qu’avec cette chanson on suit le parcours d’un tueur, petit à petit, il y a du suspens, la tension monte, on sent qu’il va se passer des choses.
MP : Tu n'as pas écrit de scénarios pour le cinéma?
CJ : Non jamais, j’ai écrit des nouvelles, mais pas pour le cinéma.
MP : Avec ce disque, tu as fait des concerts, des tournées?
CJ : Oui bien sûr on est parti en tournée. Il y avait notamment Richard Raux, Umberto Panini, Gilles Douieb, Mico Nissim etc.. toute l'équipe.
MP : Ensuite, en 1981 tu sors un 45 tours «Toutamour», on voit que la maison de disque a essayé de rendre le single plus accessible au niveau du grand public!
CJ : Y a jamais eu de demande expresse de ma maison de disques, c’est moi qui, pour cette chanson, avait trouvé intéressante l’histoire du prolo qui est dans son p’tit coin, qui vit sa vie tranquille et qui ne demande rien à personne. Tu sais on oublie facilement les gens qui ont des vies simples, parce qu’ils ont une petite vie d’ouvrier, ça a été le cas de mes parents. Je me suis dit un jour je vais faire une chanson comme ça pour montrer que finalement, eux, malgré les difficultés, ils mènent leur vie avec beaucoup de joies, du bonheur et l’envie de réussir leurs vies familiales.
MP : Comme beaucoup de gens...
CJ : Oui, comme la plupart des gens et cette chanson a bien fonctionné en radio, elle a été pas mal diffusée.
MP : On voit de suite que c’est moins complexe au niveau musical. Avec le single suivant «le fond du coeur», on voit que tu as mis l’accent sur les claviers, tu évolues un peu vers la new wave!
CJ : Ca vient aussi de l’arrangeur Mico Nissim qui est pianiste,« Poisson noyé» c’est pareil, ça a été un gros travail.
MP : Moi j’adore cette chanson parce qu’il y a toujours ce style un peu jazzy et en plus de ça, la voix puissante que tu as.
CJ : «Poisson noyé», c’est un titre que j’aime beaucoup. Pour la pochette, c'était le photographe de Claude François «Lebreton», qui était un pote à moi, il me faisait des photos de temps en temps.
MP : C’est vrai qu’tu connaissais pas mal de monde à l’époque, au niveau show bizz.
CJ : Non, moi j’étais pas trop dans le show bizz, j’étais invité à droite à gauche dans des soirées un peu particulières genre culturelles, des gens un peu de la haute bourgeoisie…
MP : Ca t’intéressais pas les soirées du show-biz?
CJ : Tu sais les paroles qui s’envolent dans ce genre de soirée quand tu as bu 17 whiskys, les grandes promesses le lendemain, elles ont été oubliées...
MP : J'en viens maintenant à cet album, «Dôme 1» l'opéra rock de science fiction! Tu l'avais écrit avec Paul Florant, c’est ça?
CJ : Oui avec mon copain Paul Florant de Beaune, qui travaillait dans le vin, il était œnologue, auteur compositeur interprète aussi, très sympa, il écrivait très très bien, un peu comme Brassens, on a travaillé ensemble. C'était Jérémy Stefen pour la musique, c’est lui qui a composé les mélodies.
MP : Après c’est un disque qui n'est jamais sorti également.
CJ : C’est un disque, totalement inédit, mais ce qui est marrant c'est que Jérémy stefen l'a ré-enregistré. Il l'a retravaillé pendant des années, mais ce n'est pas du tout le même disque.
MP : L’histoire de cet opéra c’était quoi? Tu peux me la résumer rapidement ?
CJ : C’est l’histoire d’un monde totalement isolé sous un dôme, dans lequel il y a un grand ordinateur qui s’appelle «Procyon l’immobile». Ce grand ordinateur, big brother, a une utopie, il veut tout gérer, tout commander, donc c’est lui qui gère tout. Il va puiser dans les rêves de ses sujets ce qu’il ne peut pas rêver lui même, pas dans ce qu’ils vivent.
MP : C'est complexe mais intéressant. Tu as écrit des nouvelles de science fiction, mais ce que je ne comprends pas, tu aurais pu écrire un livre c’est quand même un univers que tu aimes bien.
CJ : J’ai écrit un livre qui s’appelle «Femmes city 2144», qui existe depuis très longtemps et je ne sais pas comment le publier, car c'est un truc qui est vraiment particulier tu vois, très visuel ça pourrait je pense faire une bonne bande dessinée.
MP : Bon alors j’en reviens au disque l'opéra rock, moi je l'ai cet album «Dome 1» (Claude me l'a gentiment envoyé),c’est vraiment du rock, ça n'a rien a voir avec tes disques persos.
CJ : Oui il y a un super guitariste et d'excellents choristes sur ce disque.
MP : Pour moi Starmania, c’est de la variété à côté, je te le dis c’est beaucoup plus rock. Tu aurais bien aimé que le disque sorte je suppose.
CJ : Nous on aurait aimé faire un spectacle et j’avais été voir un des plus grand producteurs de spectacles de Paris, à l’époque, qui avait beaucoup d'argent. Il a dit «oui c’est bien, mais je n'investis plus dans ce genre de spectacles, j’ai perdu trop d'argent». Il habitait à Montmartre, il avait une super baraque, il avait précisé que faire un spectacle avec ce genre d’histoire, ça représentait beaucoup d'investissements… Il fallait créer un faux dôme, il y avait des décors de dingue, ça n’était pas possible. Donc on a laissé tomber.
MP : C’était au mauvais moment je pense.
CJ : Il aurait fallu arriver un an ou deux ans avant, mais là, aucune possibilité.
MP : Claude on arrive une fois encore au bout de l'interview, c'est toujours un plaisir de discuter ensemble!
CJ : Je prends rendez-vous pour la 6ème, le mois prochain!
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Chronique de l'album :
Pour moi ce disque est sans aucun doute le meilleur de Claude Jacquin, le plus abouti tant aux niveau des textes que de la musique.
Le chant a également évolué, la voix de Claude a mûri, elle est plus puissante et plus forte.
Le disque débute avec "soir bluesy" un blues-rock jazzy et comme souvent avec Claude Jacquin, un titre, musicalement, pas facile a faire rentrer dans des cases .
Le " Claude " il aime bien brouiller les pistes. Un texte comme d'habitude de haute volée avec des mots crus qui serait sûrement difficile à passer dans les médias à l'heure actuelle.
" Le voyeur " suit avec son style cinémathographique, une plongée dans le cerveau d'un tueur psychopathe, le film se déroule sous nos yeux. Bravo l'artiste pour ce condensé si réel. Musicalement un rythme groovy de guitares électriques et acoustiques vient contrebalancer un synthé omniprésent. Bien vu !
J'en arrive à "Miss Smith" cette ode à Patti Smith, on retrouve dans les mots la justesse du propos. Une description fidèle à la poétesse du rock. Une intro déroutante avec des cordes mais on change rapidement de style, rock, groove, les breaks s'enchaînent encore une fois, un morceau musicalement à tiroirs.
Mon titre favori, " la parole ", je n'avais jamais entendu jusqu'à présent ce genre de chanson, la voix de Claude Jacquin est à son paroxysme et c'est vraiment surprenant. Les mots claquent faisant corps avec la musique. Un morceau étonnant où le chant a une importance prépondérante.
Je vais finir avec "l' homme" encore une magnifique chanson dans laquelle Claude Jacquin nous dévoile sa vision de l'humain et de ses vicissitudes. Il remet comme d'habitude les pendules à l'heure et dénonce un système politique dévoyé asservi à la finance, des médias etc........ mais je vous laisse lire ce texte sublime qui n'a pas pris une ride et qui malheureusement reste toujours d'actualité.
En conclusion je peux vous dire que "Jeux de mains " est un excellent album qui hisse définitivement l'auteur-compositeur Claude Jacquin, qui est cette fois ci particulièrement inspiré, dans la catégorie des grands artistes de la chanson Française.
Un disque qui est à mon avis nécessaire, il a la particularité de vous faire réfléchir tout en vous divertissant.
C'est du grand art car c'est un équilibre qui n'est pas toujours facile à trouver.
Il n'y a que quelques grands chanteurs qui y sont arrivés. Claude devait rentrer dans cette catégorie, il a été largement sous estimé.
Claude Jacquin, un poète, un baladin, un chanteur auquel dorénavant il faudra rajouter l'adjectif "grand", car à mes yeux il le mérite amplement.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Cette fois ci vous allez être gâtés, je vous mets l'album et ses deux 45 tours "Toutamour " et "le fond du coeur est frais" agémenté d'un titre non retenu par EMI "Où tu cours comme ça".
De plus pour les abonnés il y aura un album live inédit absolument incroyable, "Constat 76 " une suite de 45 minutes (oui vous avez bien lu c'est un morceau de 45 minutes et 29 secondes qui reprend entre autre le titre " l'homme" présent sur "jeux de mains" mais avec des paroles différentes), je peux vous dire en l'écoutant que ce live vaut son pesant de cacahuètes, c'est une rareté.
Merci à Claude Jacquin pour les photos, les coupures de presse, les inédits et les anecdotes.
Merci à Makhno pour la remasterisation de l'album et des singles
par Mister PAT
Titre en écoute : " Soir bluesy "
Toujours aussi naturel et humble. Merci, j'attends lasuiteavec impatience.b.bebe
Toujours un plaisir à lire cette interview .Merci à l'artiste pour tous ces partages , c'est vraiment quelqu'un de sympa .
Je vais découvrir cet album vu que je ne connaissais pas du tout l'artiste avant vos propositions
Encore merci
Titis
MercimerciVraiment excellents ces disques comme tu dis, un grand chanteur. Un bel article, une belle interview j'attends la suite avec impatience merci à toi mister Pat.Jamais entendu parler de ce gaillard, mais les extraits proposés sont tentants !Toujours un bonheur à lire.Merci à vous deux pour ces tranches de vie...
super album, merci!Thierry
Toujours un bonheur de lire les interviews de Francerock70un article typiquement signé Francerock, avec un artiste qui aime parler de sa musique et la partager. j'ai l'encyclopédie de Claude Jacquin par Pat en 18 volumes à découvrir!Je me suis regaler a lire l'interview quelle epoque extraordinaire A+Ecrire un commentaire